Histoire
de la Société Académique du Boulonnais.
En
1796 se fonde à Boulogne-sur-mer la Société d'Agriculture, du Commerce et des
Sciences. Celle-ci est essentiellement tournée vers l'Agriculture. Et les
publications en sont très épisodiques et en vérité assez peu intéressantes.
Elles concernent par exemple les moyens d'améliorer des productions de céréales
ou de développer certaines races de bovins. Ceci à partir de données qui
scientifiquement parlant sont actuellement tout à fait obsolètes. Les quelques
bulletins publiés gardent un intérêt de
curiosité.
Mais
en 1864 un groupe d'érudits locaux lancent un appel à la population pour
fonder une société visant à s'occuper des arts et des lettres. Celle-ci est
dominée par l'abbé D. Haigneré archiviste de la ville. Il reprendra les armes
des Comtes de Boulogne : d'or aux trois besants de gueule. Il rajoute comme
devise : labore et concordia : par le travail et la concorde. Ainsi
naquit la Société Académique de l'arrondissement de Boulogne.
Des
savants prestigieux feront partie de ce groupe. Des personnages en émergeront.
Le Docteur Duchenne universellement connu pour avoir découvert la myopathie et
créé une science nouvelle la myologie (connaissance des muscles ) en la séparant
de la neurologie. Il y eut aussi Mariette qui découvrit la plupart des sites de
l'antiquité égyptienne et qui créa le musée du Caire pour y mettre à l'abri
le fruit de ses découvertes archéologiques. Il faudrait aussi parler de
Bouchard-Chantereau, naturaliste et aussi le Docteur Sauvage qui fut un précurseur
de l'aquaculture et surtout le créateur de la pêche moderne.
La
Société va orienter ses publications dans deux directions. Les Bulletins étaient
des petites communications faites lors des réunions sur des sujets concernant
l'Histoire, la Poésie, la Paléontologie, la Linguistique, l'Archéologie etc.
Somme toute de petites découvertes. On compte treize recueils de bulletins.
Mais les publications les plus prestigieuses furent les Mémoires. Ceux-ci étaient
des ouvrages entiers en général de recherches sur des sujets littéraires ou
historiques. Il y en eut vingt neuf. Les trois tomes les plus recherchés
concernent le Camp du Drap d'Or, les Ducs d'Aumont gouverneurs de la Ville, et
surtout l'érection de la Colonne de la Grande Armée à la suite du Camp de
Boulogne installé sur toute la côte par Napoléon. Pour donner une idée de
l'intérêt de ces ouvrages, il faut savoir que le dernier d'entre eux se négocie
sur une base de 7.000 FF minimum.
Ces
publications furent tellement prestigieuses que tous les travaux d'érudition
sur la ville de Boulogne se réfèrent aux écrits des érudits qui en faisaient
partie. Elles sont une mine de renseignements.
Mais
le personnage dominant en fut sans nul doute le Chanoine Haigneré (1824 -1893).
Il rangera toutes les archives municipales, en fera la recension. Il établira
un inventaire de la Bibliothèque. Ses travaux concernent l'archéologie, la paléontologie,
la linguistique, la toponymie, la patronymie, les chartes, l'histoire. Il était
une sorte de génie dont l'intelligence s'exerçait sans cesse vers de nouveaux
sujets d'intérêt. Il sera la victime de règlement de comptes de politiciens
sectaires qui le priveront de ses charges officielles et en profiteront pour
s'approprier ses collections privées notamment d'archives. Mais ces édiles lui
rendront sans le vouloir un service considérable. Il pourra désormais
consacrer tout son temps à la recherche. Ses travaux sur la grammaire et le
vocabulaire du patois de la région font à ce jour autorité. Mais aussi en
histoire et en toponymie, en archéologie.
Les
publications commencées en 1864 vont se répartir régulièrement d'années en
années. Le dernier mémoire est de 1921. Les publications des bulletins
deviennent liminaires et peu connues après cette date. La Société semble s'étioler.
Et ce jusqu'à la deuxième guerre mondiale.
Après
la guerre la ville se retrouve entièrement détruite par les bombardements. On
songe surtout à reconstruire. La Société se réunit encore mais ne publie
plus. Les écrivains travaillent pour leur propre compte. Et brutalement en
1960-1961 la société s'effondre. Les archives sont dispersées ainsi que la
bibliothèque. La Société disparaissait après quatre vingt dix sept ans
d'existence.
En 1985, un groupe d'écrivains boulonnais décide de recréer la société qui portera le nom de Société Académique du Boulonnais. Le président en est le Dr. J.P. Dickès et le secrétaire général D. Merlier Artiste peintre. Les statuts sont identiques à ceux de l'ancienne société. Des neuf membres fondateurs, deux sont décédés et trois d'entre eux ne font plus de recherches particulières.
La
Société essaye de se montrer digne de ses glorieux prédécesseurs. Elle a à
son actif un grand nombre de publications. Celles-ci concernent en principe
toujours la région. Par ailleurs elle organise des expositions de peinture et
encourage la création artistique. On trouvera plus bas une recension de ces
publications. En quinze ans, un travail considérable a été effectué. Qu'on
en juge.